Sara - Les Fleurs du Malte

Sara hésita un peu devant le pub, essayant de voir ce qui se passait à l'intérieur. Finalement elle poussa la porte et jeta un coup d'oeil afin de repérer qui pourrait bien être son bienfaiteur.

Deux policiers étaient là, cartaient les gens, il y avait une descente, mais ils ne semblaient embarquer personne.

Le policier empêcha Sara d'entrer.

-Désolé mademoiselle, mais il va falloir attendre un instant.

Puis pendant qu'elle attendait dans la porte, un homme dans la mi-quarantaine entra dans le portique. Il était vêtu en jeans, assez grand et un peu bedonnant. Ses petits yeux bleus et sa barbe grisonnante lui procurait un certain charisme, une sympathie qui inspirait la confiance.



Il s'arrêta sec en voyant Sara, comme s'il la reconnaissait.

-Bonsoir, vous devez être Sara ? demanda-t-il avec l'accent français qu'elle avait pu entendre plus tôt au téléphone. Il pointa l'intérieur du bar. Vous voulez qu'on attende ? Il fait bon dehors on peut toujours marcher si vous voulez.

Sara se retourna brusquement, surprise par l'individu. en entendant sa voix, elle repris visiblement son calme.

- Oh, bonsoir...Vous êtes surement Monsieur DeLoire.

Sara regarda l'intérieur chauffé et invitant du bar avec regret.

- Bien sûr, bous pouvons marcher. Vous savez ce qui se passe à l'intérieur?

-Je crois que oui, fit-il en tournant le dos au policier. Appelez-moi Bastien je vous en pris.

Il ouvrit la porte pour laisser passer Sara et suivit derrière elle. La nuit d'automne était un tantinet fraîche, mais agréable. Bastien et Sara se mirent à longer le large trottoir de la Main.

-Avant que vous commenciez à me raconter votre histoire, je tiens à vous dire que ce qui vous arrive, arrive à beaucoup de personne.

Bastien semblait chercher ses mots pour être le plus clair possible.

-Vous avez un don. On peut dire cela comme ça, un don qui agit sur vos sens et leur permet de garder en mémoire plus de choses que quelqu'un de commun. C'est ce qui fait en sorte que vous avez vécu dees choses étranges. La plupart des gens auraient oublié, leur cerveau aurait effacer le tout comme un traumatisme.

Quand Bastien parlait, il utilisait aussi beaucoup de gestuels. Il avait le souci d'être le plus clair possible et ne voulait surtout pas effrayer Sara avec ses histoires.

-Alors, que vous est-il arrivé ? demanda-t-il finalement.

-Un don?...

Sara avait l'air de mal digérer ce que Bastien lui expliquait.

-Écoutez, je vois mal comment le fait que j'ai assisté à la décapitation en direct de mon chum puisse être...un don? D'ailleurs, je ne crois pas que quelqu'un qui ai assisté à ça puisse réellement l'oublier.

La jeune femme faisait visiblement beaucoup d'effort pour garder son calme.

-Oui. Pardon, je ne voulais pas vous effrayer avec ça, tenta-t-il pour calmer la tension. Je veux juste que vous sachiez que nous sommes plusieurs dans des situations semblables et que nous pouvons vous aidez à retrouver un sens dans tout cela.

Croyez-vous être en mesure de me raconter, où préférez-vous que moi je vous raconte ce qui se passe vraiment ?

Sara baissa les yeux et le ton de sa voix par la meme occasion.

Il n'y a rien de plus a vous raconter que ce que je viens de vous dire. Mathieu est mort d'une façon terrible et depuis ce temps là ma survie personelle est ma principale préoccupation. Ça et essayer de me convaincre que ce ...monstre ne m'attends pas au prochain coin de rue afin de ne pas claquer du coeur avant mes trente ans. Je ne sais pas quoi vous dire de plus.

Elle releva la tête et soutenu le ragard de Bastien pour la première fois.

Mais si vous savez réellement a quel genre de créature j,ai eu affaire, ou encore me donner un petit indice sur ce qui se passe... alors je ne demande pas mieux que de vous écouter.

-Il faut d'abord savoir de quel type de créature il s'agissait. Pour le moment je n'ai aucune idée de ce que peut être ce monstre aux grandes mâchoires et aux aîles en lambeaux. Je vais me renseigner sur le sujet. En attendant, si vous voulez, je peux vous offrir hébergement. Ainsi vous aurez peut-être l'occasion de rencontrer mes amis.

Bastien savait pour la créature qui avait tué Mathieu, il l'avait décrit comme Sara elle-même aurait pu la décrire.

-Bon, probablement que la petite descente de police est terminé, nous pouvons faire demi-tour et aller voir si un verre vous intéresse toujours.

Il souria chaleureusement à Sara, tentant de lui faire momentanément oublier ses soucis, mais le réconfort que Bastien apportait ne dura qu'un court moment. Le sourd gémissement d'un ivrogne ou d'un souffrant parvint à leurs oreilles. Ils tournèrent le regard vers la ruelle d'où provenait le son lugubre. Bastien fronça les sourcils et fixait la ruelle, attendant que quelque chose en sorte.

-Oui, ce serait bien. Merci.
La jeune femme se força à sourire.

Alors que Bastien proposais à Sara un verre, elle se rapella qu'elle n'avait jamais décris physiquement la créature à son bienfaiteur... Alors comment se pourait t-il que ...?

Son questionnement fut de courte durée.
Dès qu'elle entendit le bruit suspect venant de la ruelle, tous ses muscles se crispèrent, préparant son corps à la fuite s'il s'avérait que ce bruit provenait de... non.
Il valait mieux ne pas y penser. Ce devait être qu'un clochard.
Sûrement.
Peut-être...

L'ombre de ce qui semblait être un clochard sorti de la ruelle. Les bras ballottant et l'air apathique, l'homme déambulait lentement sur le trottoir sans but précis. Il était soit malade, soit complètement ivre, mais une chose était sur, il n'était pas en bon état.

Un deuxième clochard arborant le même air sorti également de la ruelle, il marchait à l'aveuglette, quitta le trottoir et se dirigea dans la direction de Sara et Bastien. Ce dernier s'avança pour que Sara reste derrière lui.

-Nous n'avons pas de monnaie, pas la peine de nous embêter.

Presque déçue en appercevant les clochards, Sara se détendit un peu.

Les quêteux ici ont presque l'air plus défoncés qu'à Montréal, c'est quelque chose... Pensa Sara. Elle les connaissait bien pour les avoirs quelque peu fréquentés, malgré elle.

Le clochard passant sous un lampadaire, Sara pu mieux le distinguer. Une longue cicatrice descendait le long de son visage jusqu'à l'abdomen, comme si on lui avait fendu le corps. Ces cheveux étaient manquants par endroit et ses yeux étaient creux dans leurs orbites, déséchés et sombres. Il portait un tuxedo gris pâle, tout enpoussiéré et parsemé de trous de mites. Sa montre bracelet en argent pendait sur les os de son poignet, beaucoup trop grande pour ses bras rachitiques. Il devait être vieux, il avait même l'air mort...

Il l'était. Mort. Ses os passaient à travers sa peu sèche par endroit et son pas lent n'était qu'une illusion. À la grande surprise de Bastien, le cadavre se retrouva à deux pas de lui en quelques secondes, la machoîre désarticulée, grande ouverte , lâchant se sourd gémissement de douleur et de faim. Ils projeta sa tête vers l'avant, tentant de mordre Bastien !

-Waarrghghh !

Tout se passa en une fraction de seconde...Sara réalisa que la créature n'était pas un simple clochard. Son cerveau envoya un signal d'alarme au reste de son corps et elle fit un pas vers l'arrière. Mais cette fois il n'y avait pas que sa survie qui était en jeu... il y avait un autre être humain avec elle.

Avant que Bastien soit hors de portée, elle étira donc son bras pour l'aggriper et le tirer avec elle vers l'arrière.

Bastien fit un pas maladroit vers l'arrière, tiré par Sara. Il trébucha et le cadavre le manqua de peu. Sara venait probablement de lui empêcher une terrible morsure à voir la force avec laquelle le cadavre avait refermé sa machoîre. C'était un véritable cauchemar, pire même.

Bastien réussit à se relever et à se dégager de la créature qui avança "lentement" vers lui à nouveau.

-Il faut atteindre le bar, proposa le français.

Ce cadavre, et un autre qui se tenait plus loin, se trouvait entre eux et le bar, à environ deux cent mètre tout au plus. Un lampadaire au loin s'éteignit.

-D'accord, mais on ne passe pas par la. fit Sara en pointant les deux cadavres.

Sara essaya de trouver un moyen de contourner les deux nuisances pour se rendre au bar, au risque de ralonger leur chemin.

Tout en reculant au pas de course pour garder une distance avec le cadavre, Bastien proposa autre chose.

-En effet, je disais ça comme ça, puisque les polices sont au bar, ça peut être plus rassurant, mais on pourrait aussi atteindre mon camion qui est au parking une rue plus haut.

Le centre-ville de Saint-Adjudor était fait en palier. Au bord du fleuve il y avait une première rue, puis une deuxième se trouvait sur un palier de quelques mètres plus haut, et ainsi de suite.

Bastien pointa la direction du parking.

-C'est par là !

Sara pensa au pub plein de policiers...c'était tentant, mais la rue qui s'étendait devant eux était remplie de morts vivants.
De toute façon, l'heure n'était pas à l'argumentation, et Sara accepta la proposition de Bastien d'un «oui» décidé et se mit à courir en direction du parking plus haut.

Ils montèrent les marches de la ruelle à toute vitesse. Bastien tenait bon, mais on voyait que la course n'était pas dans ses habitudes. Une fois sur le palier plus haut, le parking était en vue. Aucun zombie à l'horizon, ils se précipitèrent vers le camion de Bastien. Un camion remorque jaune assez haut et muni d'une sirène jaune sur le toit. Il s'empressa de dévérouiller la portière, monta puis dévérouilla celle de Sara pour qu'elle grimpe. Une fois qu'elle eut claqué sa porte, un zombie s'écrasa contre celle-ci.

Bastien passa par dessus Sara pour vérouiller la porte à nouveau. Il démarra puis emprunta la route.

-Bon... Tout ce qu'il nous manque dans ce groupe ce sont des cellulaires ! Je ne sais pas où sont les autres. Deux amis à moi devait enquêter sur les morts-vivants, mais on ne s'attendait pas à ce qu'ils se lèvent comme ça en plein centre-ville. Mes autres amis étaient partis à Trois-Rivières pour poursuivre un jeune vampire, à l'heure qu'il est ils sont probablement revenu. Nous allons à ma grange, nous serons en sécurité.

Bastien se dirigea hors de la ville, puis tourna dans un rang. Il entra dans un petit chemin qui passa au côté d'une maison. Derrière celle-ci se trouvait une grange.

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